[QUESTION] Comment avez-vous vécu la matinée du samedi 27 septembre 1997 ?[REPONSE] Je dormais quand ça a explosé. Il y a eu un gros «boum». Je me suis pris la toiture et tout ça sur le coin du nez. J'ai réussi à sortir des gravats, je ne sais pas comment. Je me suis retrouvé sur les ruines, abasourdi. Le ciel m'était tombé sur la tête ! Je souffrais de contusions, hématomes, et de bosses sur la tête. Mais mes blessures n'étaient que superficielles (3). La chambre était à l'étage. Heureusement, sinon je ne serais plus de ce monde. Je suis sorti en caleçon. Je n'avais plus rien. Même ma voiture, qui était garée à 15 mètres, a reçu des débris. Il y avait de la tôle froissée...[QUESTION] Que ressentez-vous un an après ?[REPONSE] J'essaie de ne pas trop y penser. Je ne suis pas trop traumatisé ; je ne fais pas de cauchemars. Cela ne m'obsède pas. Mais c'est quelque chose qu'on ne peut pas oublier. Je me dis que j'ai eu beaucoup de chance.[QUESTION] Vous dites aussi que cela n'a pas perturbé votre existence. Paradoxalement, ce serait plutôt le contraire.[REPONSE] Cette expérience a changé ma vie. Je ne la vois plus de la même manière. Quand on est passé près de la mort, on prend un peu plus de recul. On relativise les petits problèmes. Du point de vue psychologique, cela m'a peut-être un peu renforcé. Après, le naturel revient, mais il ne faut pas se laisser envahir par la routine. Il faut garder ces repères présents à l'esprit, et concevoir sa vie par rapport à ces événements qui nous ont transformés.[QUESTION] Comment cela s'est passé avec les assurances ?[REPONSE] Bien, à part la lenteur des remboursements. J'ai de la chance d'avoir pu loger chez mes parents. Avec un acompte de 23.000-F, on ne va pas loin ! Autre petit problème, lors de la réunion d'expertise qui s'est tenue un mois environ après l'accident, un expert m'a mis en cause. Il a dit que «puisqu'il y avait deux locataires, il y avait deux présumés responsables !» Sur le moment, ça fait un choc. Quand vous êtes passés à deux doigts de la mort, cela ne fait pas plaisir. C'était un peu fort ! C'est un préjudice moral. Je suis conscient que les assurances ont des intérêts à défendre, mais il faut faire preuve de logique. On savait que l'origine de l'explosion était à côté, comme l'enquête judiciaire l'a confirmé. Par la suite, je n'ai d'ailleurs pas été inquiété.[QUESTION] Avez-vous désormais peur du gaz ?[REPONSE] Quand c'est bien manipulé, il n'y a pas de problème, mais mon expérience me fait dire que je n'habiterai plus dans une habitation au gaz. C'est commode, économique et pratique, mais on ne maîtrise pas tous les paramètres. Il y a quand même pas mal d'accidents : quatre à Albi en six ans (4). On ne peut pas se passer d'une voiture. Du gaz, si. Cela dit ce n'est pas une phobie. Si je vais à une soirée ou dans un hôtel où il y a le gaz, je ne vais pas partir ailleurs ![NOTE] ______ (1) L'explosion ne peut se produire qu'à partir d'un taux minimum de gaz dans l'air (point inférieur d'explosibilité). Mais il y a aussi un taux maximum (point supérieur d'explosibilité) à partir duquel l'explosion ne peut plus survenir. En extrayant une partie du gaz, la ventilation a pu maintenir le pourcentage de gaz dans la plage dangereuse. (2) Elle prévoit également l'utilisation «d'un flexible blindé pour les gazinières et d'un tuyau en cuivre pour les plaques fixes scellées sur la table de travail», précise-t-on à GDF (3) Jérôme Fabre en profite pour remercier les secours «qui sont arrivés très vite. Ils ont été d'une efficacité exemplaire.» (4) Rue des Carmélites (1992) ; Le Petit Lude (1994) ; La Poudrière (1997) ; Les Issards (1998).
[QUESTION] Comment avez-vous vécu la matinée du samedi 27 septembre 1997 ?[REPONSE] Je dormais quand ça a explosé. Il y a eu un gros «boum». Je me suis pris la toiture et tout ça sur le coin du nez. J'ai réussi à sortir des gravats, je ne sais pas comment. Je me suis retrouvé sur les ruines, abasourdi. Le ciel m'était tombé sur la tête ! Je souffrais de contusions, hématomes, et de bosses sur la tête. Mais mes blessures n'étaient que superficielles (3). La chambre était à l'étage. Heureusement, sinon je ne serais plus de ce monde. Je suis sorti en caleçon. Je n'avais plus rien. Même ma voiture, qui était garée à 15 mètres, a reçu des débris. Il y avait de la tôle froissée...[QUESTION] Que ressentez-vous un an après ?[REPONSE] J'essaie de ne pas trop y penser. Je ne suis pas trop traumatisé ; je ne fais pas de cauchemars. Cela ne m'obsède pas. Mais c'est quelque chose qu'on ne peut pas oublier. Je me dis que j'ai eu beaucoup de chance.[QUESTION] Vous dites aussi que cela n'a pas perturbé votre existence. Paradoxalement, ce serait plutôt le contraire.[REPONSE] Cette expérience a changé ma vie. Je ne la vois plus de la même manière. Quand on est passé près de la mort, on prend un peu plus de recul. On relativise les petits problèmes. Du point de vue psychologique, cela m'a peut-être un peu renforcé. Après, le naturel revient, mais il ne faut pas se laisser envahir par la routine. Il faut garder ces repères présents à l'esprit, et concevoir sa vie par rapport à ces événements qui nous ont transformés.[QUESTION] Comment cela s'est passé avec les assurances ?[REPONSE] Bien, à part la lenteur des remboursements. J'ai de la chance d'avoir pu loger chez mes parents. Avec un acompte de 23.000-F, on ne va pas loin ! Autre petit problème, lors de la réunion d'expertise qui s'est tenue un mois environ après l'accident, un expert m'a mis en cause. Il a dit que «puisqu'il y avait deux locataires, il y avait deux présumés responsables !» Sur le moment, ça fait un choc. Quand vous êtes passés à deux doigts de la mort, cela ne fait pas plaisir. C'était un peu fort ! C'est un préjudice moral. Je suis conscient que les assurances ont des intérêts à défendre, mais il faut faire preuve de logique. On savait que l'origine de l'explosion était à côté, comme l'enquête judiciaire l'a confirmé. Par la suite, je n'ai d'ailleurs pas été inquiété.[QUESTION] Avez-vous désormais peur du gaz ?[REPONSE] Quand c'est bien manipulé, il n'y a pas de problème, mais mon expérience me fait dire que je n'habiterai plus dans une habitation au gaz. C'est commode, économique et pratique, mais on ne maîtrise pas tous les paramètres. Il y a quand même pas mal d'accidents : quatre à Albi en six ans (4). On ne peut pas se passer d'une voiture. Du gaz, si. Cela dit ce n'est pas une phobie. Si je vais à une soirée ou dans un hôtel où il y a le gaz, je ne vais pas partir ailleurs ![NOTE] ______ (1) L'explosion ne peut se produire qu'à partir d'un taux minimum de gaz dans l'air (point inférieur d'explosibilité). Mais il y a aussi un taux maximum (point supérieur d'explosibilité) à partir duquel l'explosion ne peut plus survenir. En extrayant une partie du gaz, la ventilation a pu maintenir le pourcentage de gaz dans la plage dangereuse. (2) Elle prévoit également l'utilisation «d'un flexible blindé pour les gazinières et d'un tuyau en cuivre pour les plaques fixes scellées sur la table de travail», précise-t-on à GDF (3) Jérôme Fabre en profite pour remercier les secours «qui sont arrivés très vite. Ils ont été d'une efficacité exemplaire.» (4) Rue des Carmélites (1992) ; Le Petit Lude (1994) ; La Poudrière (1997) ; Les Issards (1998).