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Propos recueillis par Daniel HOURQUEBIE Faudra-t-il, un jour, en arriver là dans les grandes agglomé
[QUESTION] Avez-vous constaté, depuis quelques années, une hausse des consultations liées à la pollution ?[REPONSE] Franchement, c'est difficile à dire. En milieu hospitalier, on peut simplement dire qu'il y a des périodes de pics d'hospitalisation pour des problèmes respiratoires. Mais il est difficile de déterminer quelle est la part de l'infection et de la pollution dans ces pics.[QUESTION] Peut-on identifier ces périodes sensibles, notamment à Toulouse ?[REPONSE] Il y a la période hivernale classique mais aussi une petite période d'été quand il fait très chaud. Attention aux chaleurs extrêmes surtout quand il n'y a pas de vent, car le vent disperse l'ozone. En outre, les gens qui ont des problèmes respiratoires sont évidemment très focalisés sur ces problèmes et sensibles aux évolutions. Quand le temps est oppressant, cela provoque chez eux une impression de gêne...[QUESTION] A Toulouse, l'étude met précisément en exergue la pollution par l'ozone...[REPONSE] L'ozone est un polluant directement lié à l'automobile, davantage qu'à la pollution industrielle potentialisée par les conditions climatiques. C'est un irritant pour les voies aériennes supérieures ou inférieures qui peut entraîner des symptômes pour les personnes souffrant déjà de pathologies, asthme, bronchite chronique ou insuffisance respiratoire. L'an dernier il y a eu des alertes à la concentration d'ozone mais je n'ai jamais encore rencontré de gens pour me dire : «L'ozone augmente, je viens vous voir...»[QUESTION] L'étude de l'INVS évoque un «excès de mortalité» et «la mort anticipée» de 265 personnes pour dix millions d'habitants. De quoi s'agit-il exactement ?[REPONSE] La mort anticipée, cela signifie que les personnes concernées souffraient de pathologies cardiaques, respiratoires ou autres graves et dont on pouvait attendre le décès dans les mois ou les années à venir mais qui sont mortes plus tôt qu'attendu. S'il s'agit de décès provoqués par la pollution, c'est un peu étonnant. Car généralement, ces gens très gravement malades ne sortent pas beaucoup. D'autant qu'on le leur recommande. Alors, comment la pollution atmosphérique extérieure peut-elle avoir une telle influence sur leur pathologie ?[QUESTION] Faut-il donc rassurer ou alerter ?[REPONSE] Les deux à la fois ! En ce qui concerne le chiffre de 265 décès pour une population de 10 millions d'individus évoqué par l'étude, c'est évidemment dramatique pour les gens concernés. Mais il ne s'agit pas de gens qui n'avaient rien et qui sont morts tout d'un coup à cause de la pollution de l'air. Il faut donc nuancer et rassurer tout en tenant au courant les personnes sensibles des recommandations à observer en cas de pic de pollution. Cela dit, l'étude établit des liens entre pollution de l'air et pathologies. Inquiétant pour les générations futures. Cela doit inciter à la vigilance, à la surveillance. Il faut se préoccuper sans attendre de la pollution de l'air. C'est un message d'alerte pour les pouvoirs publics et la société toute entière.