[QUESTION] Pour ces «Fourberies de Scapin» que vous mettez en scène pour la première fois, vous avez modernisé la pièce.
Pourquoi ?[REPONSE] «Tout simplement parce que j'avais envie de dire au-revoir à ce personnage qui m'a marqué puisque je le joue depuis vingt et un ans. Alors, j'ai voulu rajeunir la pièce et le rôle afin de les rendre accessibles à tous les publics. C'est pour cette raison que cette version, la dernière puisque ce sont mes adieux au rôle, sera plus moderne dans le jeu et la mise en scène. Mais, bien entendu, j'ai gardé le texte intégral sans changer une ligne.»[QUESTION] Vous avez dit que les comédiens ont l'âge des personnages. Vous croyez que Scapin a 50-ans, comme vous ?[REPONSE] «Oui. Je pense que Scapin est un personnage qui a beaucoup vécu et qui est devenu aigri tout en sachant rester jeune dans sa tête avec une grande possibilité d'invention. Mais, en fait, ce n'est pas un personnage très sympathique. Comme je le disais, il est aigri car il sait qu'il n'est qu'un valet et qu'il le restera toute sa vie. Ce qui peut le rendre méchant. Dans la scène de la bastonnade, par exemple, si sa ruse n'est pas découverte, il irait facilement jusqu'à tuer.
Quant aux autres personnages, ils ne sont guère mieux, les vieux comme les jeunes. Ils ne pensent qu'à eux et, lorsqu'ils sont arrivés à leurs fins avec l'aide de Scapin, ils se foutent totalement de ce qui peut lui arriver.»[QUESTION] Vous décrivez une pièce sombre alors que ce n'est pas vraiment l'image qu'ont «Les fourberies de Scapin» auprès du public...[REPONSE] «C'est vrai que dans ma version, la pièce se déroule dans un port, dans un bistrot plus ou moins mal famé, un établissement qui fait plus ou moins maison close. Tout cela dans une ambiance assez glauque.
Mais que le public se rassure, je n'ai pas forcé le côté noir et j'ai rajouté un aspect ludique à la pièce car «Les fourberies de Scapin» sont avant tout une grande comédie, même si tout n'est pas forcément tout rose.»[QUESTION] Molière est un auteur que vous avez souvent joué. Allez-vous continuer après Scapin ?[REPONSE] «L'an prochain, je vais interpréter Alceste dans «Le misanthrope». Car, comme moi, les personnages évoluent.
Alors, pourquoi pas, plus tard, jouer Arpagon, dans «L'avare», ou «Le malade imaginaire» ? Cela dit, j'ai encore le temps avant de mourir sur scène (rires)... De toute façon, Molière est un auteur qui m'a marqué et qui me marque encore énormément.»[QUESTION] Vous êtes venus plusieurs fois à Bonaguil ces dernières années.
Comment définiriezvous ce lieu ?[REPONSE] «D'une part, j'aime énormément le cadre. Ensuite, j'apprécie beaucoup ce Festival qui possède un côté fabuleux. On peut y rencontrer le public très familial, qui ne va pas souvent au théâtre le reste de l'année. Et ce genre de manifestation, c'est la fête du théâtre, surtout le théâtre de tréteau, ce qui correspond parfaitement aux «Fourberies de Scapin». Sans compter que tout se déroule dans une très bonne ambiance.
C'est donc très appréciable, ce qui explique que je sois venu plusieurs fois... et que j'espère bien revenir.»