[QUESTION] Bordeaux et son agglomération proposent un projet de parc aéronautique. Quel en est le but ?[REPONSE] D'abord, tout comme à Toulouse, il existe chez nous une tradition aéronautique forte. Savez-vous que la première piste d'atterrissage en dur en France fut celle de Mérignac et que tous les avions Marcel Dassault qui volent ou ont volé sont partis de nos usines bordelaises ? De plus, depuis quelques années, une association gérée par des passionnés conservait au fond de vieux hangars des avions dont la valeur historique n'est plus à démontrer. Et, compte tenu de l'expérience dont disposent nos industriels dans le domaine du transport spatial, il me semble réaliste que nous souhaitions étudier la faisabilité d'un parc à thème tourné vers l'aéronautique tout comme votre superbe Cité de l'espace s'intéresse au spatial. Il faut jouer la carte de la complémentarité entre nos deux agglomérations. De cette synergie, qui comblera le public, pourront naître des vocations professionnelles et industrielles.[QUESTION] Quels sont, selon vous, les grands projets que Bordeaux et Toulouse, sont en mesure de développer ensemble ?[REPONSE] Il est désormais complètement dépassé de parler de rivalité. Développer les coopérations intercités est précisément un des axes du contrat d'agglomération qui décidera des grandes priorités de développement de la métropole bordelaise à l'horizon 2006. Dans ce cadre, le développement des relations avec Toulouse est une priorité et nous l'évoquons régulièrement avec Dominique Baudis. Une des actions importantes à mener est l'amélioration des liaisons entre nos villes, notamment des liaisons aériennes. Il faut, en effet, mettre en place des liaisons efficaces et de haut niveau de services entre nos deux aéroports en fonction de leur stratégie commerciale respective. Cette démarche de partenariat existe déjà. Elle doit être renouvelée. D'autres pistes prometteuses existent dans le domaine culturel, surtout dans l'art lyrique, Bordeaux et Toulouse bénéficiant toutes deux d'opéras d'une grande notoriété.[QUESTION] Souhaitez-vous arrimer davantage Bordeaux à un arc atlantique porteur de dynamisme ?[REPONSE] Bordeaux a vocation à s'arrimer à l'arc atlantique car elle est avant tout une ville de l'Atlantique (Le port de Bordeaux-le Verdon est en expansion). De plus, la situation géographique de Bordeaux fait de notre ville le passage obligé pour se rendre à Bilbao ou à Lisbonne, deux métropoles en plein essor. Bordeaux est donc naturellement attiré vers la péninsule Ibérique et nous souhaitons développer dans les prochains mois des accords de coopération avec Bilbao. Cependant, la métropole bordelaise ne s'épanouira vraiment au sein de l'arc atlantique qu'avec l'émergence de nouveaux réseaux structurants. L'autoroute BordeauxClermont-Ferrand, qui sera achevée en 2004, est un début. Mais il nous faut mettre en place des liaisons routières ou autoroutières adaptées à la croissance des échanges. L'autoroute Bordeaux-Pau et la liaison Bordeaux-Bayonne doivent donc être des priorités si nous ne voulons pas voir Bordeaux être marginalisée.
[QUESTION] Bordeaux projette un parc aéronautique alors que Toulouse a depuis longtemps son parc dans les cartons ?[REPONSE] Je comprends que Bordeaux cherche à créer un pôle d'attraction scientifique et industriel de la même manière que Toulouse a réalisé la cité de l'espace. Nous n'avons pas renoncé à un parc aéronautique à Toulouse et les deux projets peuvent être complémentaires. Ce parc s'intégrera dans un projet de l'agglomération et du district. Dix hectares de terrains au nord de l'aéroport de Blagnac sont réservés pour recevoir aussi bien les chaînes du futur Airbus A3XX que toutes sortes d'activités liées à l'aéronautique, que ce soit de la sous-traitance industrielle ou des services que demanderont les nouvelles générations d'avions. N'oublions pas qu'il s'agit du premier pôle aéronautique européen. A l'intérieur de cette zone, pourrait s'installer le parc de découverte aéronautique, permettant aux visiteurs de découvrir en même temps les chaînes de montage. Nous le ferons sauf si les industriels nous disent que ces hectares disponibles sont trop précieux pour eux. Dans ce cas là, la stratégie sera de privilégier l'emploi.[QUESTION] Industrie, université, culture : quelles sont les coopérations possibles ?[REPONSE] Sur le plan économique, en profitant de spécificités industrielles et agro-alimentaires nous avons tout intérêt à faire valoir ensemble l'image du sudouest et à mettre en oeuvre une promotion commune sur le plan mondial. Vu du Canada ou du Japon, deux métropoles à deux heures de distance, c'est un atout. Pour l'université et la recherche, c'est l'affaire des enseignants-chercheurs, des laboratoires et d'ailleurs cela existe sans passer par les municipalités. Sur la culture en revanche, les deux grandes villes, dotées d'équipements de qualité peuvent inciter les orchestres, théâtres, musées à mettre en place des programmations, des collaborations communes qui permettent de réaliser des économies. Nous l'avons mis en place.[QUESTION] Toulouse doit-elle s'arrimer à cet arc atlantique porteur de dynamisme pour Bordeaux ?[REPONSE] J'ai entendu toutes les chansons sur ces sujets, surtout quand nous avons lancé la coopération avec Barcelone. En tout cas, je vois qu'aujourd'hui il existe des coopérations multiples, économiques, universitaires, avec Barcelone qui échappent aux institutions, aux maires et c'est normal. Si j'étais maire de Bordeaux, je défendrais l'arc atlantique, si j'étais maire de Montpellier l'arc méditerranéen. La position de Toulouse à l'intersection peut paraître différente. Ce dont nous avons besoin, ce sont de bonnes connexions, cadencées et rapides, notamment ferroviaires. Cela dit pour Toulouse, c'est plus facile avec les villes de la Méditerranée que de l'Atlantique. Cela tient à des raisons historiques qui fait que Bordeaux a toujours regardé Paris alors que Toulouse était languedocienne. On a parlé de compétition Toulouse-Bordeaux, en fait c'était surtout de l'indifférence. Or il est plus dur de nouer des liens que de se réconcilier. Cela dit, nous avons la volonté avec Alain Juppé de renforcer cette coopération.
