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Propos recueillis par Stéphane BADOUARD.

[QUESTION] Que représente l'équipe de France pour vous?[REPONSE] R. B : «De grands souvenirs ! Quelquesuns des meilleurs moments de ma carrière, aussi, avec notamment ma première sélection en 1951 à Murreyfield. Je ne m'y attendais pas du tout, je devais être remplaçant, j'ai joué et on a battu l'Ecosse, 14 à 12. J'ai pleuré pendant les hymnes, je crois que si je n'avais pas eu Jean Prat à côté de moi, je me serai enfui me cacher. J'ai aussi en mémoire mon seul essai tricolore contre l'Ecosse en 53 ou 54 et notre victoire historique contre les All Blacks en 1954 à Colombes (3-0). Ils étaient invaincus depuis 50-ans ! En 55, j'ai stoppé ma carrière internationale, à 25-ans, parce que j'ouvrais mon bar, «Le pilier» à Aureilhan et que je n'avais plus le temps de tout faire. Aujourd'hui, je regrette un peu d'avoir arrêté si tôt.[QUESTION] Vos descendants peuvent devenir champions du monde, aujourd'hui. Cela vous surprend?[REPONSE] En toute honnêteté, oui, parce qu'ils m'ont fait très peur toute l'année. Cet hiver, durant le tournoi, les Bleus étaient tombés bien bas et l'entame de coupe du monde n'était pas franchement rassurante. Les joueurs ont commencé à me rassurer contre l'Argentine en quart de finale, mais pour autant, je ne leur donnais que 10 % de chances de battre les Blacks. Cette victoire fut une vraie surprise, un moment exceptionnel, car je n'avais pas autant vibré depuis longtemps.[QUESTION] Quels joueurs vous ont impressionné?[REPONSE] Magne, surtout, m'a fait une formidable impression. Il m'a rappellé Jean Prat. Avec lui, Tournaire a fait de gros progès, Benazzi est méconnaissable, Lièvremont est un plaqueur remarquable, Lamaison m'a épaté par son adresse et le XV de France a beaucoup de chance d'avoir rappellé Galthié. Enfin, tout le monde s'est mis au diapason.[QUESTION] Comment voyez-vous la finale?[REPONSE] C'est du 50-50, mais je n'imagine pas la France perdre. J'ai un gros penchant pour les Bleus, à la fois de raison et affectif. Je ne sais pas s'ils sont capables de refaire le même match que contre les Blacks, mais je crois qu'ils ont pris conscience de leurs moyens. Ça se jouera devant, dans la récupération, le jeu au pied fera la différence. Mais il faudra surtout être très, très fort moralement, ne rien lâcher. Et comme adversaire, je préfère l'Australie, plus joueuse que l'Afrique du Sud qui mise tout sur le combat.[QUESTION] Quelles conséquences aurait un succès pour le rugby français?[REPONSE] Ça pourrait faire le plus grand bien à notre sport qui en a bien besoin. Je n'aime pas l'évolution du rugby français depuis dix ans. Tant avec l'apparition de l'argent qui tue les petits clubs que sur le plan du jeu où on privilégie le contact au mouvement. Je serai très heureux qu'on soit champions du monde, mais il faudrait surtout que ça serve à relancer le rugby en général».

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