[QUESTION] LA DEPECHE DU DIMANCHE.- Comment se porte le cirque?[REPONSE] Sampion BOUGLIONE.- Avec la tempête, les cirques viennent d'être mis à rude épreuve. C'est un sacré coup dur pour les gens du spectacle que nous sommes ! La majorité des chapiteaux sont par terre. Moi qui suis pourtant construit en dur, je n'ai plus de toit. Les couvreurs estiment la facture entre sept cents mille et un million de francs. Mais pas de discours misérabiliste : le cirque ne s'est jamais aussi bien porté que depuis dix ans. Comme tous les spectacles vivants, comme tous ceux qui établissent une relation entre la scène et le public, il attire les spectateurs. Les gens ont envie d'aller au spectacle, de vibrer, d'applaudir, d'être ensemble.[QUESTION] Pour répondre à cet engouement il a fallu que le cirque évolue. Qu'est-ce qui a changé?[REPONSE] Tout et rien. Le bon cirque s'appuie sur la tradition en l'adaptant. La manière dont sont réalisés les numéros a changé, les costumes, le matériel utilisé sont de bien meilleure qualité, le réglage des lumières a évolué, les décors se sont améliorés. Le cirque se montre à la hauteur de sa réputation, fastueusement vivant. La clientèle n'est pas folle. Elle ne se déplace pas pour un mort.[QUESTION] Comment se gère une entreprise de cirque?[REPONSE] Comme une autre, avec ses emplois, ses charges, son carnet de commandes, son budget à boucler, son besoin de se montrer performante et innovante. Nous sommes des entreprises privées non subventionnées. L'Etat se penche sur notre cas à cause de la tempête. C'est un début et j'espère que nous allons jeter les bases d'échanges réguliers à venir. Quand j'ai repris l'affaire de mon père dans les années soixante le cirque dépendait du ministère de l'Agriculture. Depuis, la Culture est devenue notre ministère de tutelle. Immense progrès non ? Autre chose : les écoles du cirque qui ont fleuri ces vingt dernières années ont apporté un souffle nouveau, une considérable envie d'échanger les expériences. Chaque école possède ses techniques, ses excellences. Quoi que la réputation en dise, la Grande famille du cirque est très ouverte et, si l'on est sérieux, elle vous accueille avec plaisir. Interview F. C.
