[QUESTION] Diriez-vous aujourd'hui, comme Raymond Courrière en 1993, que « le département de l'Aude n'a rien à attendre de l'est de la région»?[REPONSE] Je serai plus nuancé. Nous avons un département historiquement tourné vers Montpellier pour partie, l'autre moitié ayant toujours été fortement attachée à Midi-Pyrénées. J'en veux pour exemples la mise en place du Triangle d'or à l'est, au sein duquel on retrouve notamment les villes de Béziers et de Narbonne; et de l'autre côté la création du Pays lauragais, où la frange lauragaise de l'Aude travaille avec le Lauragais haut-garonnais.[QUESTION] Peut-on parler d'une identité audoise quand ce département subit l'attraction de deux grandes métropoles, Toulouse et Montpellier. Ce tiraillement n'est-il pas nuisible à l'homogénéité audoise?[REPONSE] Je ne le crois pas. L'Audois, qu'il soit de l'est, de l'ouest, du nord ou du sud du département, se sent Audois. C'est un peuple qui a un caractère bien marqué. En fait, les influences sont économique. Elles n'ont rien à voir avec la notion d'identité.[QUESTION] Castelnaudary, dans le Pays lauragais a fait la démonstration de sa réussite dans l'agro-alimentaire. La proximité toulousaine n'y est pas étrangère. Il en va autrement pour le secteur de la sous-traitance aéronautique, inexistant dans l'Aude. Les barrières administratives entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon en sont-elles la cause?[REPONSE] Je reste persuadé que la sous-traitance est un travail de proximité. Mais je ne désespère pas qu'un réseau de communications, qui efface de plus en plus les distances, soit porteur d'entreprises nouvelles. Je ne parle même pas de Castelnaudary. Aujourd'hui, le développement des technologies permet à une activité professionnelle de prendre racine n'importe où. Pourquoi pas dans le Grand Lauragais, même si une tradition agricole y est fortement implantée? La commodité d'accès est devenue plus importante que la notion de distance. Nous avons une sortie d'autoroute à Bram, qui possède également un parc industriel adapté à l'accueil de nouvelles structures, une autre sortie à Castelnaudary. Ces outils aident à un bon fonctionnement en direction de Toulouse.[QUESTION] Seriez-vous personnellement favorable à un rattachement avec Midi-Pyrénées. Avez-vous déjà évoqué le sujet avec le président Martin Malvy?[REPONSE] Non, cette question a déjà été débattue. Personnellement, je suis plus favorable à une évolution des régions, et notamment de la nôtre, qui est bien petite. Dans le cadre d'une région Grand Sud, je verrai très bien l'Aude travailler à la fois avec Toulouse et Montpellier. Je pense que les départements ont un rôle et des compétences incontournables. J'observe, surtout dans le sud de la France, un découpage administratif des régions qui ne donne pas entière satisfaction. C'est pour cela que l'Aude se sent à l'étroit à l'intérieur du Languedoc-Roussillon. Pour contrebalancer la concurrence de Barcelone et de la Catalogne, l'Aude ne serait pas de trop dans une alliance entre Toulouse et Montpellier. Si le débat venait à être lancé, avec la participation du président Martin Malvy, avec qui je n'en ai jamais parlé, je rejoindrai les rangs de ceux qui croient, comme moi, à l'émergence d'un espace Grand Sud. Je ne suis pas sûr que la solution réside dans une addition pure et simple des deux régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Il y a une formule, étoffée, à mettre au point. Si la question est posée, ce sera pour le département de l'Aude l'occasion de devenir officiellement la façade méditerranéenne de Midi-Pyrénées. Il n'y aura plus de retenues pour dire que Port-la-Nouvelle est la zone portuaire de Toulouse. Recueilli par C. A.