[QUESTION] Madame la ministre de l'Environnement, comment réagissez-vous à cet amendement nocturne?[REPONSE] Cet amendement a une histoire. Des élus alertent depuis longtemps sur les perturbations générées par la réintroduction des ours dans les Pyrénées. Il y a eu une demande au moment du Conseil national de la montagne pour la capture et le déplacement des ours afin qu'ils ne mettent pas en péril l'activité pastorale et forestière. Pour ma part, je tire les leçons d'une procédure de réintroduction très technique alors que la démarche de dialogue avec les populations, gage du succès de la réintroduction, a été négligée.[QUESTION] Par précipitation?[REPONSE] On a assisté à une réintroduction jugée précipitée par certains, ce qui n'est pas forcément dans l'esprit de la Convention de Berne qui prévoit notamment une étude d'impact. On s'est posé la question: l'ours va-t-il se réacclimater? Et moins: est-ce que les autres espèces vivantes vont se réhabituer à l'ours? C'est une question de société qui ne mérite pas seulement des réponses techniques mais une démarche citoyenne. Donc cet amendement Bonrepaux traduit surtout l'irritation de certains élus qui veulent des réponses concrètes aux problèmes posés par la réintroduction de l'ours.[QUESTION] Mais fallait-il réintroduire l'ours dans les Pyrénées?[REPONSE] Ce débat n'a jamais été tranché de manière univoque. D'abord les associations de défense font un travail formidable mais il faut bien dire qu'au départ, il y a eu une certaine légèreté des pouvoirs publics. Et que Michel Barnier, mon prédécesseur au ministère, a fait certes un coup politique mais sans le véritable souci d'une démarche lente, patiente, susceptible d'emporter la conviction des élus locaux. Alors, rétrospectivement, c'est difficile de répondre à cette question. J'ai envie de répondre: oui à la réintroduction, mais pas comme cela. Oui, mais pas dans ces conditions. Il y a un problème de méthode qui n'a pas permis d'obtenir un consensus.[QUESTION] Il y a tout juste un an, vous nous confiez: « Je n'ai pas l'intention d'aller imposer les ours en battle-dress dans les Pyrénées ». Vos propos restent réalistes et mesurés aujourd'hui...[REPONSE] Mais comme je le suis toujours sur les autres sujets! Je crois beaucoup au programme de réintroduction des animaux sauvages d'autant que, dans de nombreux cas, cela se passe bien. Mais j'ai l'impression qu'on a, dans le passé, consacré davantage d'argent à accompagner la présence de l'ours qu'à convaincre les habitants. Encore une fois - j'insiste -, il faut prendre en compte tous les critères: géographiques, car l'ours n'aime pas les sentiers agricoles ou les autoroutes, mais aussi climatiques. Et évidemment l'impact sur les autres espèces vivantes.[QUESTION] A votre avis, l'amendement ira-t-il « jusqu'au bout »?[REPONSE] Moi, je ne suis pas là pour faire du spectacle mais pour faire mon travail. J'ai été profondément choquée par la mort de Mellba. Et j'en profite d'ailleurs pour rappeler qu'il est strictement interdit de tirer sur les ours. Sur l'amendement, je peux vous dire que si la circulaire à l'intention des gardes de l'Office national de la chasse, relative à la capture et au déplacement des ours, entre en vigueur rapidement, il n'y aura pas de raison de garder l'amendement Bonrepaux dans un texte de loi. Propos recueillis par Daniel HOURQUEBIE