[QUESTION] Pourquoi avoir démissionné?[REPONSE] Je n'ai pas vraiment démissionné. En fait, j'ai eu le choix de me représenter ou non à mon poste, comme à chaque assemblée générale. Je ne l'ai pas fait pour plusieurs raisons. C'est une démission stratégique en quelque sorte.[QUESTION] Quelles sont vos raisons?[REPONSE] D'une part, j'ai voulu apaiser les esprits. Je reconnais qu'il y avait des dysfonctionnements médicaux. Les grévistes ont accusé la direction d'en être responsable. Je suis peut-être trop affectif, trop ancien. L'équipe comprend des jeunes médecins qui arriveront peut-être à faire ce que je n'ai pas pu faire. D'autre part, j'ai été très déçu par le fait qu'il n'y ait pas de service minimum à la clinique. Je l'ai demandé au personnel gréviste qui a refusé. J'ai l'impression de faillir à ma mission de médecin.[QUESTION] Vous ne pensez pas mettre de l'huile sur le feu?[REPONSE] J'ai le droit de dire ce que je pense comme le personnel a droit de faire grève. Je suis d'une autre époque. Aujourd'hui, les mentalités ont changé.[QUESTION] Etes-vous inquiet pour l'avenir de la clinique?[REPONSE] Oui. Ou la grève continue et la clinique s'arrête. Ou nous faisons une fuite en avant en acceptant les revendications des grévistes et nous faisons des chèques en bois sur l'avenir. Mais si le gouvernement débloquait 10 % d'augmentation du prix de journée à reporter directement sur les salaires, ça faciliterait bien des choses. Mais en a-t-il envie? Je pense que ce conflit s'inscrit dans un mouvement régional et national de fermeture de certaines structures médicales. Je me pose beaucoup de questions. S'il n'y a plus de clinique, ça facilitera le dossier qui est en cours sur le plan local et qui nous concerne.
Propos recueillis par Cécile Soulé.