[QUESTION] Anaïs, il y a longtemps qu'on ne vous avait plus vue à Moissac.[REPONSE] Je sors d'une petite semaine de vacances mais la compétition me laisse peu de temps libre. En France, la saison de ski va de début juin à fin septembre mais pour un international, c'est du 1er février au 31 octobre. Après Moscou, j'ai enchaîné avec les championnats d'Europe des moins de 21 ans en Italie et les championnats de France à Roquebrune-sur-Argens. C'est vrai que j'avais besoin de souffler. Ce week-end, il y a les championnats de Ligue à Muret: je vais y participer. En septembre, j'aurai encore deux étapes de la coupe d'Italie.

[QUESTION] Revenons sur ce titre européen. C'est une surprise pour vous?[REPONSE] Le titre était inattendu, oui, même si j'espérais un podium en combiné. Pour arriver en finale du combiné, il faut bien skier aux éliminatoires dans les trois disciplines. J'ai repris l'entraînement très tard cette année et je suis arrivée en forme au bon moment.[QUESTION] Vous venez de passer deux années aux Etats- Unis. Quel bilan en tirez- vous?[REPONSE] Au point de vue sportif, j'en ai beaucoup profité, surtout la première année car la seconde, j'ai eu pas mal de problèmes au dos. La Floride est un lieu d'entraînement privilégié. Les meilleurs entraîneurs y sont. S'agissant de mes études, c'est toujours enrichissant de connaître une autre culture, même si elle est bien moins riche que la culture européenne. Je suis d'ailleurs ravie de revenir en France. En octobre, j'intègre une école de design et d'architecture d'intérieur à Paris.

[QUESTION] Quelle place a le ski nautique aux Etats-Unis par rapport à la France?[REPONSE] C'est le seul pays où il y a des skieurs professionnels alors qu'en Europe, on ne peut pas en vivre. Les Masters américains sont les plus cotés. Et c'est à Orlando que débute la coupe du Monde chaque année, en mars. Depuis deux ans, je participe à des étapes de la coupe du Monde mais financièrement, il est impossible de faire tout le circuit (Etats-Unis, Europe et Australie).[QUESTION] Souffrez-vous du manque d'exposition médiatique du ski nautique, un sujet sur lequel Patrice Martin s'est souvent exprimé?[REPONSE] C'est normal que Patrice parle de ça car il a le plus beau palmarès du sport français. Je trouve dommage que notre sport ne soit pas plus reconnu. Aujourd'hui, on se rend compte qu'il faut beaucoup d'argent pour que les médias s'intéressent à une discipline. Et puis surtout, le ski nautique n'est pas olympique.[QUESTION] A ce sujet, il y a de fortes chances pour que le ski nautique soit enfin admis aux JO, en 2004 à Athènes. Ça doit vous motiver à poursuivre, non?[REPONSE] Il est certain que si le ski nautique devient olympique, ça va tout changer. On va davantage s'intéresser à notre sport, à nos performances. Là, je pars sur un cycle de 5 années d'études. Après, on verra. Ma mère a arrêté le ski nautique à 28 ans. Pour accéder au haut niveau, j'ai mis toutes les chances de mon côté. Bien sûr, ça passe par des sacrifices mais il faut savoir ce que l'on veut.

Interview recueillie par Pierre-Jean PYRDA.

______ (1) Licencié à Blagnac, Sébastien Cans, 26 ans, est un des meilleurs skieurs français. 6e du combiné aux championnats d'Europe, il a obtenu trois médailles aux championnats de France: argent en combiné et saut, bronze en figures.

---