[QUESTION] La lutte contre le dopage a-t-elle marqué des points à Sydney?[REPONSE] C'est précisément parce que la lutte s'intensifie, parce que le CIO a décidé de travailler avec le laboratoire français de Chatenay sur de nouvelles analyses que certains athlètes de certains pays ont bizarrement déclaré forfait et que d'autres ont été « pris » pendant les épreuves. Cela dit, à Sydney, on parlait d'hormones de croissance et d'autre produits qui ne sont pas détectés. Il est certain que des tricheurs ont concouru en toute impunité, mais c'est un travail de longue haleine, beaucoup plus difficile aux Jeux Olympiques que sur une épreuve comme le Tour de France. Il serait souhaitable que toutes les fédérations adoptent la même position et les mêmes règles sur la limitation des compétitions et le dépistage. La France insiste auprès de l'Europe et des Etats-Unis pour qu'ils participent à l'agence mondiale contre le dopage et réunissent leurs compétences pour améliorer la recherche et le dépistage, notamment contre ces nouvelles substances.[QUESTION] Tout cet argent drainé lors des grandes compétitions redescend- il à la base?[REPONSE] Un David Douillet ne serait pas champion olympique s'il n'avait pas été accueilli et formé dans un club amateur. Alors nous taxons à hauteur de 5 % les droits TV sur le football pour que l'ensemble des pratiques à la base en bénéficie. Le système de clubs, de bénévoles, de formateurs brevetés d'Etat à la française explique nos résultats dans tous ces sports olympiques et même en football. Voyez les Britanniques dont les résultats déclinent et qui ne prennent pas la peine de former de jeunes joueurs de football, préférant piller les autres pays. Bien entendu, la libre concurrence et le secteur marchand sont entrés dans le sport. Mais la redistribution doit se faire.[QUESTION] Marie-José Pérec se déclare « anéantie » par ce qu'elle a vécu à Sydney et l'athlétisme en général nous attriste beaucoup?[REPONSE] Cela confirme ce qu'elle m'a dit à chaud. Nous ne nous sommes pas rappelées depuis son départ de Sydney et je pense qu'elle a besoin d'être tranquille. On discutera plus tard à froid. De même, je pense qu'il faut un peu attendre pour analyser les résultats de l'athlétisme. Il y a trop de déclarations qui fusent en ce moment. Bien entendu, il faudra étudier tout cela rapidement. Car n'oublions pas que la France organise les championnats du monde de 2003.
Interview recueillie par P. J.