[Ndlr, pour que passe la loi Veil] mais aussi de parer au plus pressé. Nous étions à la limite de la légalité, voire dans l'illégalité ». L'illégalité, c'est la pratique d'avortements clandestins mais gratuits et en sécurité. « Quelqu'un du MLAC y allait pour assurer un soutien moral. Nous avions de jeunes médecins qui s'engageaient avec nous car ils disaient que s'ils laissaient faire, c'était de la non-assistance à personnes en danger. Les femmes qui ne voulaient pas garder leur enfant le feraient de toute façon. Elles allaient faire n'importe quoi ». Le MLAC 32 envoyait également les femmes qui le pouvaient à l'étranger. « On voyait des personnes de tous les âges et de tous les milieux. J'ai le souvenir d'une dame qu'on est allé voir dans un château et qui était paniquée ». Quand la loi est passée, Jocelyne Fouquet avait cessé de s'impliquer dans le MLAC, mais elle a continué à mener une vie en conformité avec ses idées. Trente ans plus tard, Jocelyne Fouquet n'est pas absolument optimiste. Elle pointe notamment les mouvements religieux, les menaces sur l'IVG et une relève défaillante. « Tout ce qui est acquis, même la démocratie, l'est provisoirement », plaide-t-elle, « mais chez les dernières générations, celles qui passent le bac, on dirait qu'il y a des frémissements ».