• Foie gras :  l'Amérique ne le digère toujours pas










La vente de maïs transgénique par un agriculteur du Gers à une dizaine de producteurs locaux de foie gras, qui le préféraient au maïs classique, a été qualifiée par le comité interprofessionnel du foie gras (Cifog) de "cas isolé" n'étant pas "le reflet de la production ni de la filière".

"C'est un cas totalement isolé. Il n'est absolument pas le reflet de la production ni de la filière, qui, depuis une dizaine d'années, utilise le traçage par l'utilisation du maïs roux (classe A) sans OGM", a déclaré Marie-Pierre Pé, porte-parole du Cifog.

Cette responsable de l'interprofession a rappelé que "dans 99,9% des cas, les éleveurs utilisent ce maïs qui est référencé dans le cahier des charges". "Après, c'est la liberté de chacun", a-t-elle poursuivi.

"Ce pourrait être l'occasion d'avoir une position plus sévère, surtout actuellement quand on sait que les Français sont effrayés par l'utilisation de ces OGM", a insisté Mme Pé.

Interrogé sur les déclarations de l'agriculteur, selon qui les OGM seraient également "écologiques" car elles entraînent une utilisation réduite des pesticides et le foie gras serait "plus régulier, plus clair, homogène et sans tache", la porte-parole a déclaré: "les résultats et ce comparatif avec d'autres maïs qui sont annoncés par cet éleveur n'engagent que lui-même".

"Ils n'interviennent pas dans un protocole sérieux. Nous nous sommes toujours interdits ce type de comparatif ou d'étude", a-t-elle conclu.

Le président de la chambre d'agriculture du Gers, Henri-Bernard Cartier, a pour sa part dénoncé "ce cas marginal" et insisté sur la qualité des filières labellisées.

"Nous nous battons pour la traçabilité, la transparence et la qualité", a-t-il souligné, en ajoutant que l'absence d'OGM faisait "partie des engagements pris par la chambre d'agriculture depuis trois ans".

Pour M. Cartier, également président d'Excellence Gers, qui regroupe les filières labellisées du département, il est important que "les choses soient bien définies, bien expliquées et claires pour les consommateurs".


Philippe Martin, député du Gers et vice-président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, chargé du développement durable, a "condamné" mercredi l'utilisation de maïs transgénique pour le foie gras et "réclamé l'arrêt immédiat de ces pratiques".


"Le fournisseur Monsanto, les producteurs de maïs OGM et les éleveurs qui utilisent ces maïs sont de véritables apprentis sorciers, égoïstes dans leur comportement car ils prennent le risque de fragiliser toute une filière malmenée par des campagnes de désinformation sur le foie gras", a déclaré M. Martin.

"Ils ne se rendent pas compte du danger pour leurs collègues", a poursuivi le président du conseil général du Gers, en ajoutant qu'il n'excluait pas "des actions en justice contre la firme Monsanto". "J'estime qu'elle contribue d'une certaine façon à ternir l'image de notre agriculture gersoise", a-t-il souligné.

M. Martin a par ailleurs indiqué que le groupe socialiste à l'Assemblée nationale avait décidé mercredi matin "de faire une proposition de loi pour protéger les filières de qualité de telles dérives, en interdisant dans le cahier des charges des AOC et des productions sous signe officiel de qualité l'utilisation d'OGM".

Ce groupe a également souhaité prendre une initiative pour que la réglementation européenne IGP (indication géographique protégée) ne puisse plus utiliser d'alimentation OGM.



Deux règlements, applicables depuis avril 2004, instaurent un système harmonisé de traçabilité des OGM et renforcent les règles relatives à l’étiquetage pour la filière alimentaire. Ces mesures appliquées à l’ensemble des denrées alimentaires et des aliments pour animaux permettent aux consommateurs et aux utilisateurs de décider s’ils souhaitent ou non acheter un produit fabriqué à partir d’OGM.

Concernant l'étiquetage, le précédent dispositif communautaire était lacunaire puisque seule la filière de l’alimentation humaine faisait l’objet de dispositions complètes d’étiquetage contrairement à la filière de l’alimentation animale.

Le règlement n°1829/2003 relatif aux denrées alimentaires et aux aliments pour animaux génétiquement modifiés (règlement dit NF/NF pour Novel Food / Novel Feed) concerne l’alimentation humaine et animale, y compris les additifs et arômes.

Il prévoit des critères plus exigeants puisque l’étiquetage devient obligatoire indépendamment de la présence d’ADN ou de protéines résultant de la modification génétique. Les produits très transformés (comme les huiles raffinées) sont donc étiquetés dès lors que la matière première est génétiquement modifiée. On parle d’étiquetage de production ou technologique. L’obligation de traçabilité instauré par le règlement n°1830/2003 permet de contrôler la conformité de cet étiquetage.

Cette modification des critères d’étiquetage applicables à la fois en alimentation humaine et animale permet aux consommateurs et utilisateurs de choisir en réelle connaissance de cause.

Afin de prendre en compte les cas possibles de présence fortuite, le principe du seuil d’exemption d’étiquetage est repris mais sa valeur est abaissée à 0,9%. Pour que cette exemption s’applique, l’opérateur doit être en mesure de démontrer qu’il a pris toutes les mesures nécessaires pour éviter d’utiliser des OGM ou leurs dérivés. Ce seuil s’applique pour chaque ingrédient ou aliment pour animaux considéré individuellement.

En alimentation humaine, ces critères d’étiquetage sont étendus aux produits non préemballés, proposés en vrac aux consommateurs. L’information requise doit alors être affichée soit sur le présentoir, soit à proximité immédiate du produit.

Le lait ou la viande d’un animal nourri avec des aliments génétiquement modifiés ne sont pas étiquetés comme produits génétiquement modifiés. A cet égard, il faut rappeler que les données scientifiques actuelles indiquent que la présence d’OGM dans l’alimentation animale ne modifie en rien les caractéristiques des produits animaux.

(source : ministère de l'Agriculture)

En conséquence, le foie gras issu de canards nourris au maïs OGM n'a pas d'obligation à afficher cette information sur son étiquette...




Monde : 110 millions d’hectares d’OGM, soit moins de 5% des surfaces
agricoles mondiales. (données 2007 de l’ISAA, un organisme pro-OGM)
Etats-Unis : 49,8 millions d’hectares (Source : Isaaa, 2005.)
Argentine : 17,1 millions d’ha (Source : Isaaa, 2005.)
Brésil : 9,4 millions d’ha (Source : Isaaa, 2005.)
Canada : 5,8 millions d’ha (Source : Isaaa, 2005.)
Chine : 3,3 millions d’ha (Source : Isaaa, 2005.)
Espagne : 60 000 hectares.
France : plus de 20 000 hectares en 2007.
(source : Greenpeace)

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Les commentaires (3)
David Olivier Il y a 17 années Le 06/11/2007 à 10:41


alian Il y a 17 années Le 01/11/2007 à 21:54


nicolas d'albi Il y a 17 années Le 01/11/2007 à 08:21


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