[…] qu'il faut le démanteler », a déclaré le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly, en faisant référence aux 30 600 suppressions de postes de fonctionnaires prévues en 2009. D'autant que jeudi dans son intervention, Nicolas Sarkozy n'avait pas fait dans la dentelle en dénonçant « l'idéologie de la dictature des marchés », après avoir répété que « tout concourt à ce que nous nous interrogions sur la redéfinition du rôle de l'État dans l'économie ». A croire que Sarkozy est tombé à gauche… Mais dans le même temps, il s'insurgeait : « Que des gens viennent de bonne foi nous demander en réponse à la crise[…] davantage d'emplois publics, je me demande s'ils ont bien compris dans quel monde nous vivons ! » Sans doute convient-il ne pas être habité par le culte de l'État. Car il est vrai que celui-ci ne peut pas tout. Mais s'il s'avère utile sur le plan économique comme le montre la crise, il pourrait être amené à jouer également un rôle croissant dans d'autres domaines. Il en va ainsi de l'Éducation dont le manque de moyens risque de compromettre la qualité de l'Enseignement alors que les professeurs sont confrontés à des conditions de travail de plus en plus dures en raison des difficultés sociales des familles et de l'indiscipline des élèves. De même, au moment où les normes environnementales deviennent plus contraignantes, il faudra bien, là aussi, du personnel pour contrôler leur application. Sans oublier la Santé, secteur sur lequel l'État devra toujours veiller sous peine de voir la rentabilité triompher avec pour corollaire des risques accrus pour la sécurité des malades et la qualité des soins. Déjà, on est sur la mauvaise pente à en juger par les services piètres ou douteux rendus par certains établissements… Du coup, le syndrome américain se profile selon Mailly qui cite l'exemple des États-Unis où « les hauts fonctionnaires disent ne plus être assez nombreux pour vérifier que l'argent » débloqué par les pouvoirs publics pour faire face à la crise financière « va bien dans le circuit » prévu. Un comble ! Voilà donc la crise qui ballotte Sarkozy entre social-démocratie et thatchérisme. Jusqu'à présent, malgré tout son pragmatisme, il a du mal à trouver le point d'équilibre.