[…] L’État prend les mesures nécessaires afin d’éradiquer la violence contre la femme.» On devine encore l’ombre tutélaire de Bourguiba, qui avait, entre autres, autorisé l’IVG dans ce pays bien avant les lois Veil en France ! La Tunisie est désormais prête à avancer sur deux jambes : celle de la tradition, et celle du progrès, sans que l’une entrave l’autre. Exemplaire, cette constitution l’est à plus d’un titre. Pour les Tunisiens eux-mêmes, qui peuvent en être fiers, car elle est un modèle d’équilibre. Elle a été acquise au bout d’une longue et pénible négociation, mais elle semble satisfaire toutes les parties. Cela dit, c’est la société civile, le syndicat UGTT, les patrons, la Ligue des Droit de l’Homme, les avocats qui ont fait accoucher de cette constitution au forceps. L’opposition a été bien pâle : il est l’heure pour elle de se remettre en cause, face à des islamistes très bien organisés et puissants. Cette constitution doit aussi nous faire réfléchir dans l’Hexagone. Elle est la démonstration que l’on peut être tout à la fois musulman, démocrate, laïque et attaché aux droits de la femme : la meilleure réponse à l’islamophobie nous vient de l’autre côté de la Méditerranée ! Enfin, elle va certainement être étudiée et commentée dans tous les pays arabes. Car trois ans après le début d’un «printemps» qui semblait plein d’espoir, la Syrie est à feu et à sang, la Libye flotte dans un chaos incompréhensible, l’Égypte se jette dans les bras d’un général à poigne, les autres nations sont rentrées dans le rang et ont oublié leurs rêves d’émancipation : puisse la Tunisie continuer d’être un exemple et un espoir !